Chaque année, le 1er mai, symbole de la fête du Travail, met à l'arrêt une grande partie de l’économie française. Mais une question se pose à l’approche de cette date en 2025 : les boulangers pourront-ils ouvrir leurs portes et servir leurs clients ce jour-là ?
Alors que le 1er mai approche, de nombreux boulangers artisanaux se retrouvent une fois de plus confrontés à un dilemme de taille : respecter une interdiction de travail strictement encadrée, ou chercher à maintenir une activité indispensable à leur clientèle… et à leur équilibre économique.
Car si le 1er mai est le seul jour férié obligatoirement chômé pour les salariés, les boulangers indépendants sont autorisés à ouvrir… à la condition expresse de ne faire appel à aucun salarié.
Une réalité que vivent mal de nombreux professionnels du secteur. Alexandre.B, pâtissier dans une boulangerie parisienne, résume le sentiment général :
« On est payés double, et on est volontaires ! Je ne vois pas pourquoi on nous empêche de travailler, alors qu’on en a envie et que la boutique peut en profiter. »
Cette volonté, largement partagée par d'autres salariés, entre en contradiction avec un encadrement législatif pensé pour protéger les droits des travailleurs — mais perçu comme trop rigide par une profession où la passion du métier et le sens du service sont forts.
Pour les patrons, l’équation est vite posée : une journée de fermeture, c’est une perte directe de chiffre d’affaires.
Clément Buisson, artisan à la tête de deux boulangeries, chiffre l’impact sans détour :
« On parle de 10 000 à 12 000 euros de manque à gagner sur les deux boutiques. Dans un contexte économique tendu, ce n’est pas négligeable. »
Et au-delà de l’aspect financier, il y a une attente bien réelle côté client.
« Le pain frais, c’est un besoin quotidien. Même un jour férié », rappelle-t-il.
Consciente de ces enjeux, la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française (CNBPF), présidée par Dominique Anract, a sollicité un rendez-vous au ministère du Travail. Objectif : obtenir une dérogation claire et encadrée, permettant aux artisans volontaires de faire travailler leur personnel dans un cadre sécurisé, respectueux du volontariat et de la législation sociale.
Ce type de négociation vise à sortir de l’impasse actuelle, où la volonté de bien faire se heurte à une règle perçue comme obsolète.
Dans une profession attachée à la tradition et à la proximité avec ses clients, cette situation interroge. La baguette, inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ne devrait-elle pas bénéficier d’un traitement plus adapté à sa place dans la vie des Français ?
Le 1er mai, jour de la Fête du Travail, soulève ainsi une forme d’ironie : ceux qui veulent travailler ne le peuvent pas, alors qu’ils incarnent un métier de passion et de transmission.